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Sahel : 2024, l’année de toutes les inquiétudes

Tous les pays de l’Alliance des Etats du sahel auront 64 ans d’indépendance, cette année. Toutefois, les défis sont énormes dans cette vaste contrée grise enclavée, ballotée dans des transitions politico-militaires qui se transforment à des quinquennats. Notamment, le cas malien qui aura 4 ans bientôt sans aucune perspective de sortie de ce régime censé être court.   

Le récit d’une nuit de toutes les inquiétudes

Les grondements des feux d’artifices se font entendre de partout, les cris innocents des enfants m’ont fait réveiller de ma profonde méditation. Il est 00 heure, c’est ainsi on accueille la nouvelle année 2024 au Mali. Les pétards crépitent, pètent et des lumières jaillies de tous azimuts, le ciel est submergé de fumé. Pourtant, derrière ces larges rires et joies pour la nouvelle année, se cachent des désespoirs, peines et angoisses qui ne disent pas leurs noms.

Nous sommes déjà en 2024, au lieu de faire la fête comme tout le monde, je reste recroquevillé sur moi-même, regardant les autres défoulé des pas de danses sur les sonorités de l’Amapiano. Je recolle les derniers morceaux de l’année écoulée, 2023 a été une année de dure épreuve pour notre pays, même si le contraire est estimé par les rhétoriques propagandistes.

Le discours du nouvel an     

« Je n’ai pas la tête à la fête, ce soir », c’est ainsi, j’ai répondu un ami au téléphone. Mes premières heures de la nouvelle année ont été marquées par des réflexions sur l’allocution télévisée du chef de la transition malienne. Le discours à la nation à quelques heures du nouvel an, est une tradition présidentielle. Dans leurs présentations de vœux pour la nouvelle année, les présidents font un tour d’horizon des grandes réalisations faites courant l’année écoulée, schématisent les perspectives pour l’année qui commence, et leurs rhétoriques sont marquées par des grandes annonces.

Le président de la transition malienne, le Colonel Assimi Goita n’a pas dérogé à cette règle protocolaire, son allocution était attendue au vu de contexte politique et sécuritaire du pays.  Juste une dizaine de jours après la brouille diplomatique entre le Mali et son voisin algérien, parrain de l’accord de paix, le chef de la transition, a opté dans son allocution du nouvel an, pour une appropriation nationale du processus de paix dans le pays. Sans pour autant évoquer les funérailles de l’accord signé à Alger en 2015, il donne plutôt la priorité à un dialogue inter-malien pour « éliminer les racines des conflits communautaire et intercommunautaire ».  Dans cette adresse à la nation pour le nouvel an, il a notamment fait un tour d’horizon des réalisations faites par le gouvernement. Concernant les réformes politiques et institutionnelles, ainsi que les réformes en cours dans les secteurs régaliens : santé, justice, économie et mines. Dans un contexte marquant la fin prochaine du délai de la transition, le président estime que les efforts pour le retour à l’ordre constitutionnel « ne faibliront point » pour cette nouvelle année 2024, sans aucune précision sur la date de l’élection présidentielle.

En outre, il a réitéré son engagement implacable sur la lutte contre le terrorisme, aucune grande annonce sur la vie économique du pays. Sa décision du dialogue a été rejeté coup sur coup par les séparatistes Touaregs deux jour après son discours. Les éléments du Cadre stratégique permanent – CSP-PSD, la faitière des groupes armés signataires de l’accord de paix, qualifient déjà ce dialogue de « cinéma ».

2024, une année de bras de fer

Presque tous ces pays engagés dans des transitions qui n’ont pas encore affirmées leurs fins, sont en état d’adversité avec certaines puissances occidentales et d’autres pays régionaux. Le Mali, est notamment en brouille diplomatique avec l’Algérie, l’un de ses plus grands voisins, parrain de l’accord de paix, le courant passe difficilement entre lui et la Cédéao. A l’intérieure, le combat contre le terrorisme continue avec l’achat des équipements de guerre en grande pompe, le bras de fer avec certains groupes armés restera d’actualité durant cette 2024 de toutes les inquiétudes.

En ce qui concerne la démocratie, elle est dans le cul-de-sac, et 2023 a été caractérisée par un recul démocratique significatif. Des graves atteintes ont été infligées aux libertés et droit d’expression, plusieurs leaders d’opinions ont été emprisonnés pour avoir critiqué la gestion actuelle du pays. Pourtant, la capitale malienne sombre continuellement dans le noir, l’électricité est toujours un luxe au Mali. Et la fin de ce calvaire n’est pas prévue pour cette année.

Quant à l’organisation de l’élection présidentielle, l’impasse est le maitre mot. Le gouvernement a annoncé un « léger report » de ce scrutin initialement prévu pour ce février, en évoquant des raisons techniques et quelque bla-bla politicien. Face à cette situation, certains partis sont sortis du silence pour retorquer « un retour rapide à l’ordre constitutionnel ». Les menaces d’une nouvelle sanction de la Cédéao ne sont pas à écarter face à ce refus d’organisation d’élection, qui ne dit pas son nom.

La naissance de l’AES avec la signature de la charte de Liptako-Gourma, le Mali, le Niger ainsi que le Burkina Faso, scellent une coopération à trois sur plusieurs volets. Ils donnent notamment crédit à ces putschs qui l’ont porté au pouvoir.

La Cédéao est-elle en voie d’affaiblissement face à cette troïka dans la région ouest-africaine ?

Les putschs sont-ils en voie de légitimisassions en Afrique de l’Ouest avec cette naissance de l’AES ?

Voici en quelques mots, les raisons qui ont empêché ma fête du nouvel an, j’ai passé cette soirée dans la méditation et mes inquiétudes sont énormes pour le futur de mon Sahel avec son sable gris. Nous sommes dans des régimes militaires caressé par des mains populistes en velours.    


La guerre

La guerre, elle fait partie des mots les plus médiatisés du 21ème siècle. De l’Europe en Asie, en passant par le Moyen Orient, de la Corne de l’Afrique jusqu’au Sahel, les armes lourdes vibrent au rythme des conflits séparatistes, terroristes, idéologiques et autres. L’idéal de la paix ne s’est jamais fait autant sentir sur les lèvres.

Le récit d’une guerre oubliée

Ma plus grande lecture de cette année serait peut-être, l’inspirant roman de l’autrice nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie, L’Autre moitié du soleil. Une œuvre qui nous plonge profondément dans les troubles d’une guerre oubliée, entre le Nigeria et la République éphémère du Biafra. Les Haoussa du nord, d’un côté et les Ibos de l’autre côté. Cette guerre purement ethnique a fait des milliers de morts dans le Nigeria actuel. La famine, les épidémies de kwashiorkor et autres maladies ont fait plus de ravages que les mortiers des « vandales » un terme désignant les Nigérians. Adichie fait une retranscription de témoignages et, dans une écriture bouleversante, guide le lecteur vers les horreurs engendrées par des décisions politiques et des croyances auxquelles les peuples se sont attachés de façon idyllique.

Une famine meurtrière ravagea le Biafra dont un demi-soleil jaune s’étale sur l’éphémère drapeau du pays, ce qui symbolisa son avenir. Les enfants avec des ventres en forme de ballon, furent atteints de la malnutrition, les femmes dévastées par la faim, des maladies inconnues, n’eurent d’autres options que de survivre. En mangeant des paquets de garris, de morues salées, des rats rôtis ou même des lézards traqués dans leurs trous. Pourtant des milliers de Biafrais n’ont pas survécu sous les raids aériens des hommes de Gowon. La guerre rend tout le monde impuissant !

La lecture de ce livre de 663 pages, m’a fait méditer. J’ai eu l’impression d’être un néophyte de la question de la guerre, même si je vis au Mali, un pays profondément mobilisé dans un tel conflit. Je me souviens à une époque de ma jeune vie, du visage d’un leader palestinien avec un turban d’imam noué sur la tête dans les médias, il s’agissait du Yasser Arafat. Cet homme, je l’aimais comme ça, avec son Prix Nobel de la paix, mais ma peine fut grande quand j’ai appris sa disparition soudaine, qui n’a jusqu’à présent pas été élucidée. C’est aussi comme ça la guerre ! 

Désormais, Yasser Arafat n’apparaît plus sur le lugubre téléviseur de ma grand-mère. 

Le dirigeant palestinien, le prix nobel de la paix en 1994
@DavidUk32 wikicommon

La guerre dans tous les sens

J’ai encore en mémoire ce vieil adage prononcé par nos révolutionnaires: « celui qui veut la paix, prépare d’abord la guerre ». Pourtant, cette vieille citation ne m’éprouve pas grand-chose. Il suffit d’allumer sa radio, télévision ou son smartphone pour que les tranches d’informations nous assomment tout azimuts. Elles nous submergent d’attaques par-ci par-là, et du nombre de civils tués qui n’arrête pas d’évoluer. Nous découvrons avec impuissance la vraie face du monde actuel. La guerre rend tout orphelin et les rêves s’évaporent.

Dans ce monde actuel, il existe une guerre encore plus ravageuse que l’échange de roquettes qui font trembler la terre. C’est la guerre de communication, la machine de la propagande qu’alimente la guerre. Tous les belligérants y vont de leurs propres manœuvres pour gagner l’opinion populaire. Leurs méthodes consistent généralement à distiller du faux partout. C’est pourquoi il est difficile pour un professionnel de l’information d’être indépendant en cette époque de la guerre moderne. Les armes ne sont pas les seules à détruire. Un simple clic sur « publier » produit l’irréparable. 

De Kiev à la bande de Gaza, en passant par le Sahel, de Mogadiscio à Khartoum jusqu’aux portes éthiopiennes, les armes lourdes ainsi que les missiles de la désinformation font la loi.

Des morts, comme si les âmes humaines étaient gratuites

Dans une guerre, les morts peuvent se compter par dizaines, centaines voire milliers. Des armes de plus en plus sophistiquées et destructrices, fabriquées par des pays idéalisant la paix mondiale, explosent les chairs humaines et ravagent la nature sur sa route sinistre.

Photo by Somchai Kongkamsri via Pexels / Quatre soldats portant des armes, un hélicoptère derrière eux

La guerre ne cause pas que des morts sur son chemin. Elle engendre des conditions de vie difficile extrêmement difficile. Plus de trois millions de personnes ont fui la région sahélienne dévastée par les conflits armés, selon le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. Ces personnes abandonnent toute une culture et leur civilisation meurt dans l’agonie de la solitude. La recrudescence de la violence au Sahel (Burkina Faso, Niger et Mali) a entraîné la fermeture de près de 7 800 écoles primaires, selon Save the Children, le nombre de fermetures ayant augmenté de 20% au cours de l’année écoulée.

D’après cette organisation non gouvernementale, à la fin du mois de juin 2023, près de 1,4 million d’enfants n’avaient pas le droit universel en tant qu’humain d’accéder à l’éducation et aux compétences que cela requiert. Ces mômes auront du mal à contribuer pleinement à l’évolution de leurs communautés en tant qu’adultes.

La guerre n’apporte que le désastre. Elle piétine les rêves. Elle dévaste les cultures et les civilisations. Elle crée le désamour, la rancœur et renforce l’esprit de vengeance. 

Les Biafrais avaient cette phrase du poète Okeoma (un personnage du roman, L’autre moitié du soleil) gravé dans la tête : « Si le soleil refuse de se lever, nous le ferons se lever ». Pourtant, leurs peines furent grandes quand le soleil a refusé de se lever sur l’éphémère pays

Maintenant laissez-moi vos avis en commentaire. Selon vous, un monde sans guerre est-il possible aujourd’hui ?


Jeunesse malienne : réussir à tout prix

« Réussir à tout prix » un slogan qui hante les esprits de la jeune génération malienne (et toute la sous-région), une étiquette qui marque la jeunesse africaine globalisée. 

Sur les graffitis géants des murailles qui enflamment les trottoirs dakarois (Dakar, Sénégal), s’il y a une chose que j’ai bien retenue, c’est cette folle ambition de la jeunesse africaine, qui veut avancer et réussir à tout prix.

Crédit @mohaventure

Mon ami Moctar ne me dira pas le contraire ! Lui qui torture mes oreilles chaque nuit avec ses envies folles de devenir footballeur, malgré les difficultés et tous les risques que cela comporte… Il rêve et veut y croire, du haut de ses vingt ans d’existence sur cette terre malienne, la terre des combattants éternels de la liberté et du changement (Mali). Moctar veut quitter ses études universitaires à la faculté des Droits publics, pour s’embarquer sur l’océan, en espérant que son rêve se réalisera. 

Dans ce vaste pays qu’est le Mali, mon ami n’est pas le seul à rêver d’un avenir meilleur ailleurs

Au Sahel, l’accroissement des crises répétitives depuis plus d’une décennie rend la vie encore plus difficile. La terre malienne souffre de rareté d’opportunités pour les jeunes. La mauvaise gouvernance des décideurs politiques accentuée par des putschs militaires qui ont exacerbé les défis sécuritaires et économiques, sans évoquer les nombreux problèmes de corruption qui créent de la défiance envers les autorités et font souffrir la population. Au Mali, l’espoir et la chance des jeunes pour s’en sortir dignement diminue quotidiennement. Les jeunes maliens sont sans perspectives. Je suis attristé et horripilé à chaque fois que j’entends l’écho de la mort d’une connaissance, d’un ami, de quelqu’un de l’entourage, de compatriotes ou encore de jeunes sahéliens ou africains, sur la mer en joignant l’Europe. Une sensation d’impuissance mêlée d’une révolte me saisis par la poitrine. 

Mais comment faire pour empêcher cette tragédie ?  

J’écris, mais mes poésies peinent toujours à convaincre ces milliers de jeunes exposés à l’insupportable dans leur propre pays. Mes vers restent jusqu’à présent inaudibles aux oreilles de nos dirigeants pour prendre au sérieux la question des jeunes. C’est toujours les mêmes discours et les mêmes promesses d’un avenir meilleur pour les jeunes, qui peine à se concrétiser. C’est pour cela que je donne raison aux parole de mon ami Sidi, avec ses tchatches digne d’un afro-pessimiste : « ils ont besoin de nous uniquement pour mobiliser pendant les élections, ou durant les grands meeting et les manifestations. Ceux qui représentent les jeunes sont en réalité contre nous… »


Je vais vous décrire la situation, et jure que c’est la vérité !  

A la vue de tout ce qui se passe aujourd’hui au Sahel qui traverse de nombreuses crises, c’est pertinent que les jeunes sont manipulés. Ils sont souvent manipulés et mal orientés. C’est pour cela que je les avertis à travers ma prose, je les sermonne pour les dissuader, je dis à mes amis du « grin »  (espace de causerie des jeunes autour du thé) que notre développement dépend avant tout de nous, et qu’il n’est en aucun cas contrôlé par aucune puissance étrangère. Je leur dis de ne pas croire ces nouveaux panafricains qui leur noircissent les cerveaux, car ils sont tout simplement au service des gens qui veulent créer le désordre chez nous. Et pas seulement du désordre ! C’est plus grave encore, ils cherchent aussi à bourrer les esprits par des ressentiments coloniaux, ils bourrent les esprits avec des ressentiments identitaires qui commencent à instaurer de l’égoïsme et des discours revanchards. Le faux prend au collet le vrai ! 

Cette situation de crise ne pousse pas les jeunes uniquement vers l’immigration clandestine, elle les mène sur d’autres terrains glissants et dangeureux, toujours pour viser la réussite. Evoquons la crise sécuritaire : le marché pour recruter les jeunes guerriers est aujourd’hui ouvert. Soit c’est les jihadistes qui manipulent les jeunes pour qu’ils les suivent, avec un salaire mirobolant, soit c’est les groupes d’autodéfense, avec tout le sermon de la défense de leur contrée. Les jeunes cherchent aussi la réussite sur les réseaux sociaux. Certains trouve du boulot à travers la « videomania », comme on peut le lire dans la presse, ces  » «vidéo-men» sont de plus en plus sollicités pour diffuser des messages de propagande, véhiculer des fausses informations ou des invectives. Cela au mépris total des règles de bonne conduite, des principes éthiques et déontologiques, très chers à tout journaliste professionnel. » Les jeunes qui suivent cette voie deviennent des web-journalistes sans formation ou des web-activistes sans réellement de cause prépondérantes à défendre. 

Réussir positivement       

Malgré les difficultés du Sahel, liées à la crise sécuritaire et au contexte politique tendu, il faudrait adopter un mécanisme permettant aux jeunes ouest-africains de pouvoir rêver librement chez eux. Rêver d’un avenir possible et heureux chez eux. Cela passe inévitablement par la valorisation de la ressource humaine que représente la jeunesse pour leurs pays. Cela passe aussi par l’ouverture de lieux et d’espaces spécifiques, qui permettraient aux jeunes de s’affirmer en tant que jeunes, et qui leur permettraient de parler librement en abordant tous les sujets qui les touchent spécifiquement.

Comme disait Barry-Flow, un perroquet humain que j’ai l’habitude de croiser au « Chicha House » de Titibougou, un quartier de la Capitale malienne : « les jeunes ont besoin de formation, de coaching et d’orientation aujourd’hui dans ce pays. Nous sommes l’avenir du pays et c’est inadmissible de voir les jeunes battre pavé pour une nouvelle colonisation qui ne dit pas son nom au Sahel aujourd’hui… » 

Pendant une manifestation contre la présence française à Bamako. Crédit @Ousmane Traoré dit Makaveli

Les jeunes sont un atout pour le développement de toute nation. Il est important de leur inculquer des valeurs sures et saines pour le monde de demain. Cela passe nécessairement par l’accompagnement, la formation, le coaching et la bonne orientation. A mon humble avis, la responsabilisation au sein d’organisations (à travers le bénévolat dans un premier temps) pourrait être une solution pour les jeunes. Cela leur permettrait peut-être d’atteindre l’idéal de réussite dont ils rêvent, sans se perdre sur de « fausses routes ».

Aujourd’hui, malgré tous les stéréotypes que l’on colle au continent africain et plus particulièrement à sa jeunesse, soyons optimistes et espérons que les choses bougent. Sur la scène entrepreneuriale, culturelle, médiatique, environnementale et même politique, les jeunes innovent et veulent faire de la réussite un credo. Les jeunes constituent une force dynamique, le nouveau visage du continent s’impose ! 

Alors d’accord pour réussir à tout prix, mais positivement…! 


Ma vie de blogueur  

Depuis quelques années, ma voix et ma plume s’expriment librement sur une multitude de sujets tels que la culture, l’environnement, la citoyenneté active ou encore la démocratie. À travers une écriture journalistique impartiale, je m’efforçais déjà d’être objectif dans mes discussions sur les réseaux sociaux, même si je n’avais pas encore de blog personnel. Récit de comment je suis parvenu à devenir membre de la plus grande communauté francophone de blogueurs : Mondoblog.

Mes amis me posent souvent la question persistante : « Est-ce qu’il y’a l’ahan dedans ? », autrement dit « Est-ce que tu gagnes de l’argent en tant que blogueur ? ».

Ma réponse, un oui catégorique, ne nécessite pas d’explications approfondies. Mon choix de devenir blogueur découlait avant tout de mon désir d’être entendu, d’élargir mes horizons de connaissances, d’interroger les consciences populaires sur certaines réalités qui nous tourmentent et de partager mes passions et expériences avec ma communauté.

 

@mohaventure dans une pirogue sur le fleuve Niger à Ségou (4ème région du Mali)

Une nouvelle perception du blogging

Quatre ou cinq ans en arrière, le terme « blogueur » ne m’évoquait rien de particulier, étant donné que presque tout le monde se désignait ainsi sur son profil Facebook. Mais les années ont passé et j’ai changé d’avis grâce aux captivants récits et photographies de Ousmane Traoré, alias Makaveli, ainsi que de George Attino. De plus, les nombreux articles passionnants partagés par les blogueurs de Doniblog et Assoblog ont aussi capté mon attention. À l’époque, je n’étais encore qu’un journaliste stagiaire pour le site éphémère www.Lemalien.com. À travers mes expériences dans différents organes de presse à Bamako, je croisais régulièrement le chemin des blogueurs.

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L’ère de la désinformation

En m’impliquant dans des actions citoyennes au sein d’organisations de jeunes, j’ai compris que le blogging était un outil essentiel pour la citoyenneté au Mali. Les récits sur le Covid-19, la grève des enseignants et bien d’autres sujets que j’ai découverts sur le blog de Makaveli m’ont ouvert les yeux. Mieux, les campagnes de sensibilisation sur le port du casque, la lutte contre l’occupation illégale des espaces publics par les commerçants, ainsi que les fact-checkings (vérifications d’informations erronées) et d’autres phénomènes sociaux dénoncés par les blogueurs m’ont profondément inspiré.

Récit d’un mondoblogueur

Il est dit que celui qui écrit et raconte des histoires est un conteur. Cependant, je dirais qu’il est aussi un griot moderne, voire un journaliste. En tant que journaliste, j’avais du mal à être subjectif et à partager mon point de vue en tant que conteur. Je restais dans la position du griot traditionnel, racontant les histoires telles qu’elles me parvenaient. Cette situation m’a incité à chercher un blog, bien que cela ait été un combat de titan de pouvoir m’en offrir un. Pour devenir membre d’une association de blogueurs au Mali, je devais consacrer du temps, ce qui était incompatible avec mon rôle actif au sein de la Jeune Chambre Internationale Mali, une organisation citoyenne de jeunes. Il me fallait être un membre de l’une des associations des blogueurs au Mali, qui ne sont qu’au nombre de deux. Toutes mes tentatives d’adhérer à l’une de ces faitières de blogueurs a été un échec. Pour cause, je devais y consacrer du temps, ce qui était incompatible avec mon rôle actif au sein de la Jeune Chambre Internationale Mali, une organisation citoyenne de jeunes.

@mohaventure dans une exposition en marge de Ségou Art en janvier 2023

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La découverte de Mondoblog

Face à cette impasse, j’ai fait de mon compte Facebook et d’autres réseaux sociaux mes plateformes de blogging, même si on me disait que c’était peu professionnel. C’est ainsi que j’ai découvert l’existence Mondoblog en janvier 2023, grâce à un ami avec qui je discutais beaucoup. J’étais déjà abonné à leur page et j’avais entendu parler du concours depuis 2020, pourtant je ne savais pas grand chose sur Mondoblog. Sans grande surprise et après des recherches approfondies, j’ai été convaincu par le projet. Lors de l’ouverture de la saison 10, j’ai candidaté et suis devenu un blogueur Mondoblog.

@mohaventure à la place de Souvenirs à Dakar Sénégal en août 2022

Cette plateforme me permet d’être lu dans le monde francophone, d’être guidé et critiqué pour me perfectionner quotidiennement. C’est une opportunité numérique pour diffuser des messages, mettre en avant des héros discrets qui restent dans l’ombre des médias, partager mon quotidien, exposer ma vision du monde et d’élever la voix contre toutes ces injustices qui poussent sous nos pieds. C’est ainsi qu’on a pris connaissance de ma vieille carcasse de moto, dont je ferai bientôt une histoire singulière.

@mohaventure une prise de parole en marge de la Rencontre Inter-Organisations universitaires des JCI d’Afrique à Mbour au Sénégal en juillet 2023

Depuis que j’ai rejoint cette large communauté virtuelle de conteurs francophones, tout ce qui m’entoure est source d’inspiration. Je me considère comme un blogueur généraliste.

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Continuer à partager, inspirer et créer

Je conclurai cet article en reprenant une phrase que j’ai trouvée sur notre plateforme : « Vous le savez, Mondoblog est bien plus qu’une simple plateforme de blogs. C’est un espace où des esprits créatifs et audacieux se rassemblent pour partager leurs histoires, leurs connaissances et leurs expériences uniques. C’est un lieu où les mots prennent vie et où les frontières s’estompent…

Ensemble, nous formons une communauté internationale de conteurs, de penseurs et de passionnés. Continuons à écrire, à inspirer et à donner vie à nos idées. »        


Quand Bamako invite Amsterdam

En 2022 Seydou Camara, le photographe professionnel malien rencontre Jan Dirk van der Burg à Amsterdam. Ils échangent leurs clichés, chacun donne de la valeur au travail artistique de l’autre. Ce qui donnera naissance à une initiative de séjour de Jan au Mali pour un atelier d’échange interculturel à travers un Workshop de la photographie.  Ce Workshop a été un cadre idéal de professionnaliser 12 photographes maliens dans la photographie d’art.

A Bamako on apprécie les photos que pendant les grands évènements et cérémonies familiales. Un photographe professionnel ne sonne rien d’optimiste dans cette société largement immergée dans les photos des Smartphones. Alors que la ville de trois Caïmans, Bamako est une plaque incontournable de la photographie mondiale à travers les Rencontres de Bamako, un évènement qui se déroule chaque deux ans autour de la photo.  Au vu de ce constat déplorable profondément partagé par les animateurs de ce métier qui est en constance évolution dans le monde. Un collectif des photographes réuni au sein de YAMAROUPHOTO est né pour porter un autre regard sur la photographie malienne au niveau international. 

« Nous voulons redonner au pays sa renommée d’antan sur la scène de la photographie mondiale. C’est pour nous une reconnaissance historique aux travaux remarquables faits par les pionniers de la photo au Mali, dont les œuvres continuent de faire le tour du monde » indique Seydou Camara, Directeur Artistique de Yamarouphoto. 

@yamarouphoto Seydou camara en t-shirt vert apprenant la photographie aux jeunes déplacés interne

Un workshop de spécialisation en photographie d’art de standard international

Ce workshop est mis en œuvre à travers le projet « Entre fragilité et rigidité » de Yamarouphoto, une initiative communautaire, appuyé par la Strichting Doen. Cet atelier de perfectionnement en photographie artistique qui est officiellement lancé ce 21 juillet au siège de Yamarouphoto à Sotuba dans la capitale malienne, est dirigé par un expert hollandais en photographie, Jan Dirk van der Burg. 

@yamarouphoto Jan Dirk Van der Burg en formation

A travers un appel à candidature 12 photographes professionnels et amateurs  maliens ont été sélectionnes pour suivre cette formation. Elle visait à perfectionner des participants aux nouvelles techniques de la photographie contemporaine. Le but de cette formation aux dits des initiateurs est de rehausser le niveau des bénéficiaires face à la révolution rapide des techniques de la photographie. 

@Abdoulsalam les 12 participants attestés avec le formateur

« L’idée de cette formation est née d’un constat. Nous vivons à une époque où la photographie est en constance évolution grâce notamment aux nouvelles technologies. Nous avons jugé nécessaire d’organiser des formations qui permettront de mettre les photographes maliens à niveau pour s’adapter aux nouvelles techniques du monde numérique » a précisé Seydou Camara Directeur Artistique de Yamarouphoto. Il indique également qu’un accent particulier est mis sur la photographie d’art qui demeure presqu’un nouvel angle dans la photographie malienne domptée par la photo évènementielle. 

@yamarouphoto Seydou Camara devant les journalistes

La photographie d’art est la possibilité, pour un artiste (photographe), de communiquer en explorant son potentiel créatif. Elle peut se matérialiser par des paysages, portraits, natures mortes ou images abstraites.  Selon les spécialistes de ce style de la photographie qui se différencie du photojournalisme, avant de se lancer dans la photographie d’art, il est important d’écouter les conseils de professionnels et de s’intéresser aux réalisations du genre.

@yamarouphoto Jan Dirk le formateur en compagnie de son interprète devant la presse

La restitution des travaux des  12 participants 

Pour le cas malien, Jan n’a pas voulu imposer de thème ni une quelconque procédure classique d’apprentissage aux participants. Chacun aura la liberté de développer son propre sujet et sera assisté par le formateur dans sa démarche à travers des techniques modernes de l’art photographique.  

@yamarouphoto

Jan Dirk dira lui-même qu’il est venu à Bamako pour partager son expérience avec ses collègues maliens. « Je ne suis pas là pour leur apprendre les techniques de base de la photographie parce que je sais déjà que chacun d’entre eux a ces notions. Je suis là pour donner des astuces pour la lecture, la critique et l’analyse d’une image » indique-t-il.    

@yamarouphoto

Huit femmes et quatre hommes qui ont participé à ce workshop, ont fait la restitution de leurs travaux au grand public après dix jours de travail. Cet atelier a permis aux douze participants de réaliser des créations extraordinaires, facilité par l’expert en photographie Jan Dirk van Burg surnommé  Yiriba Diarra, un nom malien. Des histoires émouvantes sont racontées, des critiques et analyses inspirantes ont été faites à travers la photographie contemporaine. 

@yamarouphoto oeuvre d’un participant sur le forge

L’une des participantes, Fatouma Harber, Bloggeuse, lâche le déclic sur des déchets dans la capitale malienne. Son cliché d’une montagne de déchet à proximité d’un hôtel en pleine ville, est une critique photographique sur la prise en charge des déchets à Bamako. 

@fatouma harber sa photographie d’art sur la prise en charge des déchets à Bamako réalisée pendant le workshop

Kani Sissoko parlera de l’intimité à travers le « Baaya » une perle que les femmes maliennes portent sur les hanches. Cette perle est symbolique, ne doit être vu que par le mari de la femme dans leur chambre d’intimité dans la nuit profonde. L’enfant qu’elle était, Kani, ne portait aucune attention sinon ne savait rien de cette tradition autour de cette jolie perle brillante qu’elle portait et jubilait à n’importe qui. Elle a été traitée de tous les noms. Une inspiration tirée de cette histoire, d’où elle fait un cliché avec les perles sur la tête de dire qu’elle n’a rien à voir avec ces histoires autour du « Baaya ». 

@kani sissoko son portrait avec ses  »Baaya » sur les tête

Pour sa part, Alfouseyni Konaté porte ses yeux sur les « morts », ce ne sont pas des morts inertes que nous connaissons mais ceux qui nourrissent les vivants. Cette histoire est inspirée des faits réels dans la société malienne, des chefs de familles après leurs décès, leurs progénitures ne font plus rien. Ils vivent de l’héritage légué, ou plus souvent la famille se détruit au profit de ces biens matériels laissés par les parents. 

@konaté son œuvre sur les morts qui nourrissent les vivants

D’autres se sont exprimés à travers la photographie d’art sur l’excision, la discrimination faite aux femmes dans les espaces de travail, des travaux de forgerons ont été étalés, le grand marché des friperies de Bamako a été photographié artistiquement avec ces délicieuses histoires derrière.

@Yamarouphoto 
 Seydou Camara et Jan Dirk van der Burg en échange devant le siège de Yamarouphoto à Sotuba, Bamako.
@tscom le cliché du pontbadan (marché de la friperie de Bamako)

Mieux, une autre a dévoilé l’amour inconditionnel qui régnait entre elle et sa défunte maman, avec des émotions éblouissantes derrière.

@yamaroupho une participante à côté de ses œuvres qui sont les portraits de sa mère

Haidara a fait un bond dans la tanière pitoyable des étudiantes qui quittent l’intérieur du pays pour venir étudier dans la grande ville. A cause de la difficulté liée à leurs conditions de vie, elles sont souvent contraintes à devenir des filles de joie nuitamment pour essayer de sourire.

@mohaventure Sidiki à côté des portraits de la jeune étudiante qui se prostitue nuitamment

La place du henné dans la société malienne ainsi que la vie des tailleurs faisaient aussi partie de cette exposition des participants du Workshop international Yamarouphoto.        

@yamarouphoto quelques clichés réalisés par les participants avant l’accrochage
@yamarouphoto les yamaristes


Le Mali aux couleurs du referendum  

Depuis le parachutage des militaires au pouvoir en août 2020, le Mali se prépare pour sa toute première élection ce 18 juin 2023. Cela débute par un référendum pour approuver la nouvelle constitution qui fera entrer le pays dans la quatrième république. Même si les organisations de la société civile et des partis partis politiques appellent massivement à voter OUI, la mobilisation reste timide.

Bamako s’éveille sous une fraîcheur surprenante en ce début d’hivernage. L’étouffante chaleur estivale cède alors place pour cette journée à ce beau temps. Les quelques lèves tôt sont déjà dans les rues. Les longues salutations matinales s’accumulent… Sur les médias les appels pour « un Oui massif » pour le référendum s’accentuent de partout. Ces déclarations sont souvent vides en argumentation. Même sur les téléphones mobiles, l’ambiance du référendum se fait sentir à travers les messages incessants appelant à voter OUI ou à glisser les cartes blanches dans les urnes. Donc les firmes téléphoniques maliennes influencent maintenant le vote du peuple ? 

Capture d’écran de ma messagerie téléphonique

L’ambiance du référendum   

La capitale malienne brille déjà par la couleur du référendum, les panneaux publicitaires sont pris d’assaut par les partisans du OUI.

@mohaventure

Sur ma vieille moto en carcasse, mon casque musical aux oreilles, la chanson « le pays va mal » de Tiken jah Fakoly est à fond. Autour de moi, dans cet embouteillage monstrueux typique du début de semaine, une caravane de partisans de la carte blanche distribue un bouquin à l’effigie du président de la Transition. On va souvent jusqu’à dire que le OUI est synonyme du paradis et le NON son contraire. Dans les rues de la capitale malienne, on parle de tout sauf la réalité dans cette histoire de nouvelle constitution. Un attroupement des jeunes portant tous des t-shirts blancs coupe la circulation. Ils mènent un cortège vers le plus grand stade du Mali pour la grande mobilisation pour le OUI, présidée par le Président du Conseil National de Transition, Colonel Malick Diaw. D’après mon ami Cheick Oumar Konaré, « tous ces jeunes badauds ne défendent que leur 2000f de frais d’essence. La plupart ne connaissent rien dans cette nouvelle constitution. » 

Le référendum

Depuis l’ouverture de la campagne le 2 juin dernier, les partis politiques et les organisations de la société civile ont commencé à appeler à voter pour un OUI massif. Les quelques organisations et coalitions politiques s’investissent quant à elles pour un Non explosif. Notamment la CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko, la CODEM, l’appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali…

Initialement prévu pour le 19 mars passé, le référendum a été repoussé par les autorités maliennes pour ce 18 juin. Ce projet de la nouvelle constitution est porté par les maliens à l’issue des Assises Nationales de la Refondation, selon le gouvernement. Cette constitution est un élément essentiel du vaste chantier de reforme notifié par les tenants du pouvoir actuel. Ce qui justifie leur départ au pouvoir en 2024 pour le retour des civils aux affaires. 

Les électeurs auront le choix le 18 juin à venir, entre un bulletin blanc pour le Oui et rouge pour le Non, précise le décret. Il reste toutefois à savoir que malgré la vulgarisation massive de cette constitution qui a été plus médiatisée, beaucoup de nos citoyens ne maîtrisent rien à son contenu. Mais certains médias demeurent dynamiques pour informer quotidiennement sur les forces et faiblesses de cette nouvelle constitution qui divise les maliens

@mohaventure

Une nouvelle constitution pour tout changer ?

Dans ce projet de constitution de 14 Titres et 191 articles, le Mali entend franchir une nouvelle étape institutionnelle dans son existence. Si le coup d’état est encore une fois considéré comme « un crime indescriptible contre le Peuple malien » stipulé par l’article 187. Il y’a aucune garantie pour bannir le putsch au Mali, d’après les dispositions de l’article 188 qui donne « amnistie » aux auteurs du putsch dans la nouvelle république. Alors que pour beaucoup de personnes, y compris selon ma lecture de la situation sociopolitique, on devrait rendre impardonnable le putsch au Mali. Les institutions du pays deviennent sept avec la surpression du Haut conseil des collectivités et la Haute Cour de Justice, l’Assemblée nationale devient le Parlement composé de deux chambres, celle des députés et des sénateurs. Une nouvelle institution fait son apparition, il s’agit bien de la Cour des Comptes.

Toute initiative allant au troisième mandat ne serait plus possible au Mali, selon les précisions de l’article 45 de la nouvelle constitution : « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats de président de la République ». Le pouvoir du Président de la République est entièrement renforcé dans la nouvelle constitution portée par les militaires tenant le pouvoir actuellement. Il nomme le premier ministre et les membres du gouvernement et défini la politique de la nation dont le gouvernement ne serait qu’un exécutant. Mais le Président de la République peut être destitué par le parlement en cas de la « haute trahison » selon les dispositions de l’article 73 de la constitution soumis au référendum.

Un pays toujours laïc

Survolant les dispositions sur les garanties des droits et des libertés, dans le chapitre « l’Etat » la nouvelle constitution ne change rien de la devise « Un peuple – Un but – Une foi » du Mali, et le nom de l’hymne national. Mais dans l’article 31 de ce chapitre le français perd sa place de langue officielle en la cédant aux langues nationales. Elle devient alors une langue de « travail » sans d’autres précisions. Tout compte fait, nonobstant la colère de certains regroupements religieux, la forme laïque du pays demeure inchangée. 

La défense de la patrie est devenue « un devoir pour tout citoyen » âgé de 18 ans au moins, et peut être mobilisée aux cotés des Forces armées et de sécurité pour défendre la terre mère. 

Toujours est-il que cette nouvelle constitution qui se repose sur des valeurs sociétales maliennes, les luttes héroïques pour l’avènement de la démocratie dans le pays, des valeurs universelles et qui entend promouvoir les « idéaux de la refondation portés par le peuple malien », est tout simplement rejetée par certaines franches de la population

Cette constitution sera-t-elle approuvée par les maliens le 18 juin 2023 ?


Bamako : mur arrière de l’Institut Français du Mali relooké

Une fresque murale se dresse désormais sur le mur arrière de l’Institut français du Mali, à Bamako. Un travail fait par un collectif d’artistes peintres. Les travaux ont duré une dizaine de jours. La restitution a eu lieu le vendredi 5 mai dernier.

Les yeux du président Modibo Keita sont désormais figés de façon indélébile sur son quartier natal de Bamako-coura : le portrait du premier président du Mali est peint dans la petite rue 371, sur le mur arrière de l’Institut Français de Bamako, une ruelle commerciale. A côté de ce chef d’œuvre, beaucoup d’autres portraits se côtoient sur cette première fresque murale dans la capitale malienne.

@mohaventure

Les invités se sont déplacés nombreux pour assister à cette restitution : le chef du quartier de Bamako-coura, le Maire de la commune trois, le chargé des affaires politique de l’ambassade de France au Mali, la Directrice de l’Institut Français, ainsi que des artistes et la population dudit quartier. Tous étaient présents pour magnifier ces travaux artistiques. 

@Kone’xion culture

Selon la Directrice de l’IFM, cet art de la fresque moderne est fait au quartier pour pousser la population (et surtout les jeunes) à jeter un coup d’œil à l’intérieur de l’institut, « c ’est une manière de les inviter à accéder à l’institut pour aller voir ces beaux spectacles culturels que nous faisons » a-t-elle dit. 

Dans leurs allocutions successives, le chef du quartier et le Maire de la commune, ont tout simplement apprécié ce bel art à sa juste valeur. Pour eux, cela donnera un éclat magnifique au quartier et cela met en avant un regard artistique qui fera produire d’autres artistes au sein de la population. 

Fresque murale  

La peinture murale est une peinture monumentale dont le support est un mur intérieur ou extérieur, une voûte ou un plafond, par opposition à la peinture de chevalet qui a pour support une toile et qui est transportable. L’artiste peintre qui se spécialiste dans l’art de la fresque murale est appelé « peintre muraliste ». La fresque est une technique historique importante de peinture murale dans laquelle l’artiste applique la couleur très rapidement sur un enduit de chaux encore frais, technique dite « a fresco » en italien. 

@mohaventure

Une dizaine d’artistes peintres maliens et français ont réalisé cette première fresque murale à Bamako. Rendons hommage à Ibrahim Ballo, Massira Touré, Ibrahim Kébé, Dramane Toloba, Mariam Kimbiri, Dramane Diarra, Harry Mensah, Yaye Habibatou Keita, Mwinda Fra-M’ bongo, Sébastien Bouchard, Lassine Traoré et Abdoulaye Keita. 

Dans son intervention, la porte-parole des artistes, Massira Touré, a salué la solidarité offerte par la population du quartier durant ces 10 jours de travail. 

« Ça a été une école d’apprentissage de faire notre travail artistique devant la population. Cela a aussi été une manière de montrer aux populations notre savoir faire artistique » a-t-elle martelé.

@mohaventure collectif des artistes avec Bouchard

« Cette fresque murale est le symbole de l’intégration de l’Institut français dans son quartier. Je remercie les autorités et la population de Bamako-coura d’accueillir l’IFM depuis plus de trente ans » a déclaré M. Marc Didio, Chargé des affaires politiques à l’Ambassade de France au Mali. Pour lui cette œuvre symbolise l’intégration mais aussi l’ouverture de l’IFM aux populations locales, « j’espère que les passants qui contempleront cette œuvre, seront dragués pour les inciter à y entrer, aller à l’intérieur de l’IFM pour assister aux manifestations culturelles qu’on y organise » a-t-il précisé. 

Le diplomate français a ensuite invité les jeunes artistes à persévérer dans cet art de la fresque moderne, qui commence à avoir du succès au Mali. Il estime que les jeunes artistes feront l’exemple du pays, en faisant connaître la fresque murale au niveau mondial. 

@mohaventure Marc Didio face au portrait d’une jeune dame

«Je voudrais saluer ici la présence de Sébastien Bouchard, qui a fait le déplacement de la France au Mali. Il incarne ce lien qui existe entre nos populations et qui débouche, grâce à cette coopération, par la mise à disposition de son talent, sur quelque chose de concret, de palpable, de visible. Je crois que, s’il y’a des choses à reconstruire dans la relation entre la France et le Mali, cela peut se faire grâce à sa jeunesse et sa population, à travers des réalisations très concrètes. Je crois à la diplomatie de terrain et cette fresque murale est l’une des manifestations de cette diplomatie de terrain » a clarifié Marc Didio. Que l’avenir lui donne raison !

@mohaventure


L’ère de la désinformation

Le combat d’intérêt entre les deux putschistes soudanais, les crises sécuritaires malienne et burkinabée, la rébellion en RDC, la crise ukrainienne et la manifestation française, autant de sujets pour enflammer la braise des mauvaises nouvelles dans les rues de mon quartier sahélien. Autour des plats de viandes grillées à l’occasion de l’Aïd, mes amis vont dans tous les sens sur le terrain glissant de la désinformation. A croire que malgré de multiples actions en cours pour freiner l’épidémie des infox au sein de la société malienne, l’éducation aux médias demeure jusqu’à présent une priorité majeure dans mon pays. 

George (nom emprunté) s’occupe avec énergie aux viandes marinées sur le four local confectionné par nos soins. Les discussions fusent à tout azimut, sous la belle sonorité mandingue de la chanson « M’Bemba » du maestro Salif Keita sur la modeste radio moderne connectée à un smartphone. Sidi, dans sa traditionnelle discussion, faisait le tour de l’actualité mondiale. Directement, quelqu’un nous invite dans le combat entre les deux putschistes soudanais. Sans aucune information sure, j’entends la voix gutturale de Boura, cascadant ce qu’on appelle la pure affabulation. 

Photo-collage

« En quarante-huit heures, il y’a eu plus de 20.000 morts dans ce combat entre les deux candidats favoris dans l’élection présidentielle au Soudan. Je ne sais pas ce que joue l’ONU ? Quelle est sa vraie place ? C’est eux le véritable problème africain, elle est la source de notre malheur » s’insurge-t-il en faux.   

Intoxication informationnelle

Voici une insanité qui me fait pivoter sur ma chaise, je lui demande d’où il tire ses informations ? il me cite les noms de quelques webmédias dont je n’ai jamais entendu parler, tout en haussant les pseudonymes de certains soi-disant révolutionnaires panafricains. Qui ne sont rien d’autres que les instruments des conflits d’intérêt des puissances mondiales. 

J’ai essayé de lui renvoyer vers la voix de la bonne information, en lui énumérant les noms de certains médias locaux, nationaux et internationaux très surs. Brusquement, je me suis fait arrêter par trois amis en même temps, « Djo (mon pote), tu nous arrêtes ça. Tous ces médias que tu viens de citer sont des propagandistes qui paraphrasent nos dignes panafricanistes engagés dans la lutte de libération africaine » 

Ces réponses m’ont assommé d’un mal de ventre émanant d’une intoxication informationnelle, qui m’a tenaillé très mal. Depuis que les vlogueurs sans formation, ni éducation aux médias ont fait de ce domaine un métier, la bonne information a pris la tangente au sein de cette société largement analphabétisée. Ils usurpent des casquettes de faux spécialistes, ou celles des révolutionnaires luttant pour un idéal basé sur les gémonies et les critiques stériles qui font l’affaire d’un groupe de personnes ou politiques. 

« On ne sait plus qui croire ou pas »

Les réseaux sociaux sont inondés aujourd’hui par des infos en tout genre. L’actualité est traitée par certains web-activistes de façon non professionnelle et partiale pour seulement distiller la désinformation

« On ne sait plus qui croire ou pas. Les informations viennent de tout azimut, nous qui n’avons pas été à l’école, c’est souvent difficile de faire la part des choses. Personnellement, je ne sais pas si c’est les vidéo-men ou les journalistes de ma radio préférée qui ont raison. » Ce propos provient d’un vieux travaillant dans l’exploitation de sable à la berge du fleuve Niger à Koulikoro.

Lors de notre projet de sensibilisation et d’orientation à l’issue d’un programme américain contre la désinformation, nous avions collecté les avis des étudiants et les exploitants de sable. A travers cette initiative de sondage pour recenser les sources d’information de certaines catégories de la population, dénommée « Founoufounou » soit Tourbillon en français, nous avons constaté l’impact des infos sans source au sein de la société. 

Crédit : Moh

Les initiatives contre la désinformation

Dans leur rapport intitulé « Dans la peau d’un journaliste au Sahel », Reporter sans frontières (RSF) a salué les actions des fact-checkers de la zone au sein des rédactions. Dans ce rapport, RSF invite les journalistes de la bande sahélienne à s’organiser en groupe pour faire circuler la vraie information en dépit des risques qui pèsent sur eux.

Au Mali, les initiatives contre la désinformation poussent de partout pour contrer l’épidémie de désinformation.  A travers le projet « Young fight fake news », plusieurs jeunes sont formés à l’éducation aux médias et à l’information. Cette initiative vise à combattre les fakes news sur les réseaux sociaux dont les jeunes sont particulièrement touchés.

Par ailleurs, le site d’information en ligne Le Jalon forme et outille les journalistes afin de détecter les informations douteuses sur les réseaux sociaux. Pour finir, les deux grandes organisations des blogueurs s’investissent autant dans ce sens à travers des hashtags multiformes pour sensibiliser les internautes.

Le fléau de désinformation est une grande menace contre la paix, la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la démocratie est en péril.  


Au Mali, l’électricité est le luxe du siècle

La période de forte chaleur estivale sahélienne au Mali rime avec des délestages éternels. Ce qui met en colère la population et causant des dégâts matériels et économiques, alors que l’énergie du Mali se fait de plus en plus rare. Pas de courant, ni d’eau… C’est pénible de vivre en cette période de forte canicule dans ce vaste pays situé au cœur du Sahel.   

Mon téléphone n’a plus d’alimentation. Pareil pour mon vieil ordinateur portable sans batterie. Cela fait près d’une dizaine d’heures que l’énergie du mal — oups, du Mali — a privé mon quartier d’électricité. Pourtant, nous sommes à jour dans le paiement de toutes nos factures. Je sors de ma chambre, impossible pour moi de faire ma sieste de ramadan. La tête entre les mains, je regarde le congélateur de Maman qui a été affecté par ce délestage commando.

« Courant naanaa ! »

Le voisin sort monologuant, et la mine serrée. Il est trempé de sueur, vêtu d’un t-shirt portant les gros caractères d’un parti politique dont le bilan à la tête du pays demeure encore controversé. Il me trouve à la grande porte de notre cour, cherchant difficilement l’air frais sous cette chaleur de presque 40 degrés Celsius. Il me salue et me fait part du dégât arrivé à sa nouvelle télé.

« Tu sais Moh, ma télévision ne marche plus depuis le délestage de l’autre soir« , se lamente-t-il. « Je suis vraiment désolé voisin, c’est terrible tout ça », je réponds.

Brusquement, j’entends ma nièce de trois ans et demi, Aïcha, crier dans une euphorie populaire « courant naanaa… !! » (soit « l’électricité est venue »). Comme si les Aigles, l’équipe nationale de football du Mali, venaient de remporter la Coupe d’Afrique des nations (CAN). A chaque fois que je l’entends chantonner cette vieille musique, mon cœur se fend. Un mot chanté par mes oncles, tantes, grands frères… et aujourd’hui repris en chœur par ma nièce Aïcha et sa bande. Alors que le monde évolue à grande vitesse, c’est tout simplement chagrinant.  

Mon quartier dans le noir nuitamment. © Moh

Colère de la population

Personne n’est à l’abri de ces coupures incessantes au Mali. Mais ce sont les moins nantis qui en payent les frais, colossaux. Sinon les plus riches font vociférer des groupes électrogènes ultramodernes privés chez eux.

En été 2021, un Collectif des victimes du délestage avait vu le jour. Ce groupe avait animé des séries de sit-ins devant le siège de l’Énergie du Mali (EDM), dans le but de contester ces délestages qui bouleversent les activités économiques. Par ailleurs, le collectif soulignait l’importance de l’électricité dans la vie de tous les jours, surtout au 21ème siècle. 

« Depuis des décennies, rien ne change »

Sur les réseaux sociaux, chacun y va de son terrain. Les hashtags multiformes interpellent l’Énergie du Mali. Les images sur les réseaux sociaux se succèdent, montrant les quartiers de Bamako, sombrant dans le noir.

Dès que je tombe sur les incessants avis de perturbations de l’EDM sur Facebook (pour cause des travaux en cours, ou réparations), les mots de mon ami Sidi, me reviennent à l’esprit : « Ils ont toujours des excuses à nous faire dormir à chaque fois. Depuis des décennies, c’est toujours la même chose, rien ne change. Voir que notre courant ne résiste ni à la chaleur, ni à la pluie même pendant le froid, ça divague… », il sermonne ça avec sa voix rauque.

Promotion de l’énergie renouvelable

En avril 2021, l’actuel ministre de l’énergie et des mines Lamine Seydou Traoré rassurait les consommateurs d’avoir « trouvé des solutions aux délestages » qui prendront « du temps ». Il soulignait de lourds investissements dans l’énergie renouvelable, pour palier aux défis auxquels l’EDM est confrontée. En parallèle, les images des groupes électrogènes arrivés en grande pompe circulaient sur les réseaux sociaux, fin 2021. Toutes ces annonces ont été une lueur d’espoir pour les maliens, comptant sur une fin programmée de ces délestages constants. Pourtant, 2022 et 2023 ont été les années où l’épidémie a fait le plus de ravages.

L’épidémie des coupures intempestives persiste au Mali depuis des décennies. Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, elles demeurent l’épine au pied des régimes civilo-militaires succédant à la tête du pays. Pourtant, la position géographique du pays répond mieux aux énergies renouvelables, une voie d’électrification contemporaine du continent.

Qui peut sauver l’EDM ?

Surnommée dans les rues de Bamako « Energie du Mal », l’EDM s.a croule sous une lourde dette de plus 500 millions d’euros. Le taux national d’accès en électricité s’estimait à 38% en 2016, avec plus de 40 délestages majeurs par an, comme le rapporte le journal mensuel panafricain Jeune Afrique en mars 2021. En parallèle, l’entreprise fait face à de multiples impayés : un quart de l’énergie produite par EDM (22,5 % en 2015) n’est tout simplement pas facturée.

Par ailleurs, il faut noter que la compagnie publique d’électricité malienne survit jusqu’à présent grâce aux subventions de l’Etat. Ce dernier est l’un des plus grands mauvais payeurs pour ses services, ce qui empêche l’entreprise de faire des investissements pour l’entretien de ses réseaux et d’augmenter sa capacité de production. Pourtant, les besoins en électricité sont en hausse de 12% par an depuis 7 ans.

L’EDM est sur un océan de défis, ce qui fait de l’électricité un luxe au Mali…

Quel régime parviendra à faire du rêve malien en électricité, une réalité ?    

Énergie du Mali


Au Mali, de nombreux jeunes élèvent la voix

Blogueur pic

Coups de force militaire répétitifs, pacte démocratique brisé, défi climatique… Ces multiples crises poussent à tout azimut comme des champignons. Mon pays, le Mali, est immergé dans une crise sécuritaire depuis une décennie, marquée par des putschs antidémocratiques qui fragilisent le vivre-ensemble. La perspective d’un avenir meilleur devient de plus en plus compromise et difficile. Portrait de nombreux jeunes qui élèvent la voix pour le changement.

« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté », disait Winston Churchill. Cette citation définit bien en ces circonstances difficiles ces femmes et hommes qui se battent tous les jours à imaginer et agir pour le changement au Mali. Les réseaux sociaux sont aujourd’hui des canaux de communication libres pour que tous ces acteurs puissent se faire entendre. Toutefois, ce n’est pas que sur le terrain viral que ces jeunes animés d’un profond changement sont visibles : ils sont sur tous les champs d’action. Dans cet article, je dresse le portrait des jeunes gens ou des organismes des jeunes qui aspirent à du renouveau dans mon pays.

Adam Dicko et son organisation AJCAD

Crédit: Ajcad

Sa voix juvénile a été très vite repérée dans les médias, notamment en raison de son idéal démocratique. Adam Dicko, directrice exécutive de l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie (AJCAD), fait partie des acteurs qui ont manifesté contre le dernier coup de force militaire au Mali, en mai 2021.

A travers des actions de sensibilisations, d’informations et de plaidoyers, l’AJCAD interpelle les candidats pendant les élections et mobilisent les électeurs pour s’inscrire à voter. Il s’agit avant tout d’un organisme de jeunes qui lèvent la voix pour la vulgarisation de la culture démocratique et de la citoyenneté active. La vision de l’AJCAD pour le Mali, c’est celle d’une nation prospère et pacifiée où les jeunes s’investissent à travers une participation responsable. Une nation démocratique dans laquelle l’Etat de droit est instauré et les conditions de vie de chaque citoyen sont améliorées. Sa mission, est de soutenir les jeunes en synergie avec d’autres organisations et de porter leur voix au niveau de toutes les instances de prises de décision. Elle s’engage à défendre leurs droits, les mobiliser et les (in)former afin qu’ils deviennent des citoyens actifs, compétents, productifs et responsables. Ses valeurs sont l’engagement, le sens des responsabilités, l’innovation et la solidarité.

Alioune Ifra N’Diaye, idéologue d’un Mali tradi-moderne

crédit: Blonba

Idéologue d’un Mali tradi-moderne à travers ses œuvres cinématographiques et ses nombreux spectacles culturels, l’acteur et promoteur des évènements culturels qu’est AliouneIfra N’diaye pense toujours à innover le Mali. Par ailleurs, il est aussi créateur du concept théâtral « Mssakè Tountounrou », qui signifie en français Le Roi Nain. Pendant mon enfance, aucun épisode de cette populaire fiction culturelle et citoyenne ne m’échappait. J’étais collé au lugubre téléviseur noir et blanc de ma grand-mère, happé par cette scénographie qui enseigne la culture de faire un bon choix collectif pendant les élections pour dissuader tout regret. Elle a contribué aux changements de mentalité en 2007 en pleine période électorale.

Pour lui, un Mali tradi-moderne est un pays qui fusionne sa propre culture avec celle des autres civilisations de façon positive. Ce concept du Mali est illustré dans sa toute dernière œuvre cinématographique, Taane. Un film qui met sur scène une jeunesse malienne décomplexée, cultivée et compétente, dans le but de faire bouger les lignes dans le pays. Cette fiction idéalise un Mali de vivre-ensemble, modernisé et attirant, où les trois grandes religions du pays vivent en harmonie (Animisme, Islam et Christianisme). 

Alioune Ifra N’diaye est sur tous les fronts d’innovation, aussi bien culturels qu’écologiques. Il fantasme la réhabilitation de nos habitations à travers des villes et villages écologiques adaptés aux écosystèmes africains. Selon lui, la transition écologique en Afrique est pour maintenant, et le continent déborde d’énormes possibilités pour y parvenir. Reste à freiner la circulation des désinformations qui traumatisent la conscience populaire…

Des initiatives des blogueurs contre les infox

Photo collage

Sur les réseaux sociaux, certains hashtags sont utilisés pour freiner la circulation des fausses informations. Nous pourrions citer « StopFakeNews », #BenbereVerif ou « BlogueursUtiles » de la communauté des Blogueurs-Doniblog et Assoblog du Mali. Ces derniers ont atteint des milliers d’internautes, visant à assainir l’espace médiatique malien. La circulation des mauvaises informations reste un grand danger pour la cohésion sociale, le vivre-ensemble, bref la démocratie est menacée. Dans cet article, il demeure impossible de jalonner les noms de tous ces acteurs animés de l’idéal de « changer le monde ».