Sahel : 2024, l’année de toutes les inquiétudes

Article : Sahel : 2024, l’année de toutes les inquiétudes
Crédit: présidence de la république du Mali
7 janvier 2024

Sahel : 2024, l’année de toutes les inquiétudes

Tous les pays de l’Alliance des Etats du sahel auront 64 ans d’indépendance, cette année. Toutefois, les défis sont énormes dans cette vaste contrée grise enclavée, ballotée dans des transitions politico-militaires qui se transforment à des quinquennats. Notamment, le cas malien qui aura 4 ans bientôt sans aucune perspective de sortie de ce régime censé être court.   

Le récit d’une nuit de toutes les inquiétudes

Les grondements des feux d’artifices se font entendre de partout, les cris innocents des enfants m’ont fait réveiller de ma profonde méditation. Il est 00 heure, c’est ainsi on accueille la nouvelle année 2024 au Mali. Les pétards crépitent, pètent et des lumières jaillies de tous azimuts, le ciel est submergé de fumé. Pourtant, derrière ces larges rires et joies pour la nouvelle année, se cachent des désespoirs, peines et angoisses qui ne disent pas leurs noms.

Nous sommes déjà en 2024, au lieu de faire la fête comme tout le monde, je reste recroquevillé sur moi-même, regardant les autres défoulé des pas de danses sur les sonorités de l’Amapiano. Je recolle les derniers morceaux de l’année écoulée, 2023 a été une année de dure épreuve pour notre pays, même si le contraire est estimé par les rhétoriques propagandistes.

Le discours du nouvel an     

« Je n’ai pas la tête à la fête, ce soir », c’est ainsi, j’ai répondu un ami au téléphone. Mes premières heures de la nouvelle année ont été marquées par des réflexions sur l’allocution télévisée du chef de la transition malienne. Le discours à la nation à quelques heures du nouvel an, est une tradition présidentielle. Dans leurs présentations de vœux pour la nouvelle année, les présidents font un tour d’horizon des grandes réalisations faites courant l’année écoulée, schématisent les perspectives pour l’année qui commence, et leurs rhétoriques sont marquées par des grandes annonces.

Le président de la transition malienne, le Colonel Assimi Goita n’a pas dérogé à cette règle protocolaire, son allocution était attendue au vu de contexte politique et sécuritaire du pays.  Juste une dizaine de jours après la brouille diplomatique entre le Mali et son voisin algérien, parrain de l’accord de paix, le chef de la transition, a opté dans son allocution du nouvel an, pour une appropriation nationale du processus de paix dans le pays. Sans pour autant évoquer les funérailles de l’accord signé à Alger en 2015, il donne plutôt la priorité à un dialogue inter-malien pour « éliminer les racines des conflits communautaire et intercommunautaire ».  Dans cette adresse à la nation pour le nouvel an, il a notamment fait un tour d’horizon des réalisations faites par le gouvernement. Concernant les réformes politiques et institutionnelles, ainsi que les réformes en cours dans les secteurs régaliens : santé, justice, économie et mines. Dans un contexte marquant la fin prochaine du délai de la transition, le président estime que les efforts pour le retour à l’ordre constitutionnel « ne faibliront point » pour cette nouvelle année 2024, sans aucune précision sur la date de l’élection présidentielle.

En outre, il a réitéré son engagement implacable sur la lutte contre le terrorisme, aucune grande annonce sur la vie économique du pays. Sa décision du dialogue a été rejeté coup sur coup par les séparatistes Touaregs deux jour après son discours. Les éléments du Cadre stratégique permanent – CSP-PSD, la faitière des groupes armés signataires de l’accord de paix, qualifient déjà ce dialogue de « cinéma ».

2024, une année de bras de fer

Presque tous ces pays engagés dans des transitions qui n’ont pas encore affirmées leurs fins, sont en état d’adversité avec certaines puissances occidentales et d’autres pays régionaux. Le Mali, est notamment en brouille diplomatique avec l’Algérie, l’un de ses plus grands voisins, parrain de l’accord de paix, le courant passe difficilement entre lui et la Cédéao. A l’intérieure, le combat contre le terrorisme continue avec l’achat des équipements de guerre en grande pompe, le bras de fer avec certains groupes armés restera d’actualité durant cette 2024 de toutes les inquiétudes.

En ce qui concerne la démocratie, elle est dans le cul-de-sac, et 2023 a été caractérisée par un recul démocratique significatif. Des graves atteintes ont été infligées aux libertés et droit d’expression, plusieurs leaders d’opinions ont été emprisonnés pour avoir critiqué la gestion actuelle du pays. Pourtant, la capitale malienne sombre continuellement dans le noir, l’électricité est toujours un luxe au Mali. Et la fin de ce calvaire n’est pas prévue pour cette année.

Quant à l’organisation de l’élection présidentielle, l’impasse est le maitre mot. Le gouvernement a annoncé un « léger report » de ce scrutin initialement prévu pour ce février, en évoquant des raisons techniques et quelque bla-bla politicien. Face à cette situation, certains partis sont sortis du silence pour retorquer « un retour rapide à l’ordre constitutionnel ». Les menaces d’une nouvelle sanction de la Cédéao ne sont pas à écarter face à ce refus d’organisation d’élection, qui ne dit pas son nom.

La naissance de l’AES avec la signature de la charte de Liptako-Gourma, le Mali, le Niger ainsi que le Burkina Faso, scellent une coopération à trois sur plusieurs volets. Ils donnent notamment crédit à ces putschs qui l’ont porté au pouvoir.

La Cédéao est-elle en voie d’affaiblissement face à cette troïka dans la région ouest-africaine ?

Les putschs sont-ils en voie de légitimisassions en Afrique de l’Ouest avec cette naissance de l’AES ?

Voici en quelques mots, les raisons qui ont empêché ma fête du nouvel an, j’ai passé cette soirée dans la méditation et mes inquiétudes sont énormes pour le futur de mon Sahel avec son sable gris. Nous sommes dans des régimes militaires caressé par des mains populistes en velours.    

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